Orik-une nouvelle quète

Alors qu'il s'approchait du feu de la cuisine en compagnie du garde et l'aide, Orik vit l'air vibrer tout autour de lui, puis le noir se fit. Il se retrouva a flotter dans le noir, le sol sous ses pied, tangible, ne se distinguait en rien ... du reste. Ses pouvoirs de paladins ne lui servaient en rien. Puis un point blanc fit son apparition au loin et commença a grossir, jusqu’à se tellement prêt que Orik se senti tout petit devant une telle immensité.

Et Orik se réveilla en sursaut, saisit sa hache qui ne le quittait pas de son sommeil et regarda autour de lui. Le camp qu'il avait établit pour la nuit semblait sûr, le vent dans les arbres soufflait doucement et les petits animaux de la nuit vaquaient tranquillement à leurs occupations. Fixant son regard sur les braises rougeoyantes, Orik se rallongea et chercha le sommeil.

Voila une occasion en or d'accomplir ma mission sacrée, de récupérer ma hache chérie et gagner des pièces sonnantes et trébuchantes ... se dit le nain en entendant la déclaration.

Ni une ni deux, après avoir payé sa bière, Orik sorti de l'auberge. A mesure que la nouvelle se répandait, les mâles alentours semblaient tous se diriger vers le château, les yeux pleins d'espoirs. Voilà enfin une occasion pour eux de défendre leur seigneur et de gagner quelque renommée.

Courteau sur ses petites jambes, Orik se fraya un chemin à travers la foule, en direction du château. Mais au fur et à mesure que le nain s'en rapprochait, la foule se faisait plus dense et compact. Grace a sa largeur d'épaule et sa petite taille, il se fraya un chemin à travers la foule, n'hésitant pas à jouer des épaules pour se frayer un chemin.

Il arriva un moment où il ne pu plus avancer et il attendit donc patiemment son tour. Les gardes faisaient entrer un par un les prétendants dans la cour du château par la poterne de la Grande Porte. Et petit à petit, il avança.

Il faisait bon, et rapidement il se mit à transpirer, et il avait mal aux pieds à force d´attendre. Il se demandait si tous les gens autour de lui étaient vraiment intéressés par la perspective de donner leur vie pour le Duc ou si c´était la perspective d´un repas chaud quotidien et assuré qui les motivait. En levant les yeux, Orik s´apercut qu´un gibet avait était dressé au-delà des crénaux et qu´un malheureux s´y balancait. A cette distance, impossible de savoir s´il s´agissait d´une connaissance, et les corbeaux lui avaient déjà ôté les yeux.

Il put enfin être introduit dans la cour principale du château, ou il fut dirigé vers une table occupée par deux personnes. Il reconnut parmi elles le chambellan qui l´avait interrogé, il y a de cela à peine trois jours.

He bien maître nain, on retourne nous voir en ces heures sombres ? Il est vrai que nous aurions plus besoin de votre bras que de votre esprit pour le moment. Un guerrier juré dans notre garde ducale serait fort avisé.

Il est vrai, répondit l´autre personnage, vêtu d´un pourpoint de pourpre crevée de beige et de chausses beiges également, agrémentées de poulaines vermillon, mais qu´en est il de son habileté aux armes ? Un incompétent ne nous serait guère utile.

Rassurez vous mon cher, il s´agit là d´un paladin, entraîné à tuer les ennemis de sa divinité. Il serait opportun d´avoir ce guerrier saint avec nous.

Si vous l´affirmez. Et quand à vous, messire, que pouvez vous nous dire ?

Après une petite courbette, notre paladin répondit d'un ton sûr et tranquille, les bras croisés sur sa poitrine muclée :

En matière de combat, je crois bien que la réputation de mon peuple n'est plus a faire messire. Mais vous avez raison, pendant ces temps durs, il ne faut se fier a personne. Que l'on m'apporte mes armes et désignez moi votre meilleur soldat, nous verrons bien qui de nous deux est le meilleur.

D'un ton plus sérieux, il décroisa les bras argumentant des mains et continua :

Ceci dit, quand à l'autre affaire qui nous préoccupe, a savoir votre sécurité, je peux me mettre a votre service jusqu’à ce que l'on ai retrouvé et capturé vos ennemis. Bien sûr, cette collaboration sera limitée par ce que mes croyances me permettent de faire et sous une gratification conséquente.

Lorsqu'il eut fini , il commença a lisser sa barbe tout en scrutant attentivement le Duc.

Holà qu´allez vous imaginer ? Je ne suis pas celui que vous croyez, permettez moi de me présenter. Je m´appelle Ossipango, nouveau responsable de la garde du palais depuis que mon regretté prédécesseur, le capitaine Isy, s´est vu contraint de prendre une retraite anticipée suite à son échec d´assurer la sécurité de sa Seigneurie.

Et ne vous enflammez pas poursuivit le chambellan, nous n´avons pas de soldats à disposition pour éprouver votre valeur, mais vous feriez mieux d´être sûr de vous, car lorsqu´il y aura un attentat, il ne sera plus temps de jouer les fiers à bras.

Devant l´air décidé d´Orik, il prit une grande plume d´oie, écrivit quelque chose sur un parchemin qu´il scella d´une cire couleur carmin et la tendit au paladin.

Voilà une lettre vous proclamant membre de la garde ducale et vous allouant le droit de porter les armes. Nous n´avons pas besoin de vos services pour l´instant, mais soyez présent une heure avant le crépuscule devant le vestibule de la Tour des Heurs pour y recevoir vos ordres de mission ainsi que votre affectation. Allez, et profitez de cette journée.

Vous pourriez la mettre à profit pour vous familiariser avec le château, connaître ses moindres recoins, les passages et les faiblesses, cela pourrait vous aider à sauver la noblesse, mais c´est à vous de voir.

Orik s’avança et prit le parchemin que lui tendait Ossipango. Il s’apprêtait à partir lorsqu'il se retourna comme s'il avait oublié quelque chose :

Avant de partir, il reste une chose dont nous devons discuter. Quels seront mes honoraires pour cette mission ? Je souhaite recevoir 20 pièces d'or la nuit passées dans le château, plus une prime de risque, de disons 10 pièces d'or ainsi qu'une prime de 10 pièces d'or par assassin arrêtés ou tué et enfin 40 pièces d'or pour l'identification et l'arrestation ou la mort du commanditaire.

Il se recula, attendant la réaction de ses interlocuteurs.

Le chambellant eu l´air surpris par la requête d´Orik, alors que son compagnon partit d´un grand éclat de rire.

Vous rendez vous compte de ce que vous demandez ? s´offusqua l´intendant, vous demandez à être payé au jour alors que nous sommes dans l´attente d´une tentative d´assassinat qui n´arrivera peut être que dans un an ? Vous serez payé 500 pièces d´or par assassin arrêté ou mis hors d´état de nuire, avec une prime de 1500 si vous réussissez à remonter jusqu´au commanditaire. Quand à votre solde, elle suffira à couvrir vos besoins vitaux, c´est à dire 5 pièces d´or par mois. Celà vous poussera au zèle et vous donnera de l´ardeur à la tâche. Quand à la prime de risque, je pense qu´elle serait déplacée pour un garde du corps, mais nous tâcherons de vous fournir les meilleurs soins médicaux s´il devait vous arriver quelque chose.

Oh, encore une chose, ajouta Ossipango qui séchait sa dernière larme, vous allez travailler avec une équipe, c´est à dire que la sécurité d´une personne ne repose pas uniquement sur celui qui la protège mais dépend également du groupe dont il fait partie. Et n´oubliez pas que si nous voulons remonter à la source de l´assassinat, il faut des prisonniers à interroger, on peut le faire plus facilement lorsqu´ils sont en vie.

Se tournant vers Ossipango, Orik rétorqua :

Evidemment et notre but est bien sûr d’arrêter le commanditaire ...

Puis se tournant vers le chambellan, il croisa les bras et ajouta d'un air renfrogné :

Parce que la boustifaille n'est pas comprise dans l'engagement ? Ce n'est pas en étant sous-nourris que nous pourrons effectuer une garde efficace. Je souhaite être payé 4 pièces d'or toutes les deux semaines et être nourri dans les cuisines du château, ainsi qu'un lit près de la chambre de sa seigneurie, autrement comment pourrais-je réagir au plus vite en cas d'attaque ? Ma sensibilité au mal m'indiquera toute intrusion malfaisante, mais pour que ce soit effectif, je dois être placé proche du comte. Après, c'est vous qui voyez ...

Il fit un grand sourire au chambellan.

[jet de charisme : 11 + 3 = 14]

Bien sûr, cela va de soi grinça le chambellan, et je suppose que le royaume souffrira bien de perdre deux pièces d´or supplémentaires.

Bon, conclut Ossipango maintenant que tout est clair et que les formalités pécuniaires sont réglées, je vous suggère de faire de la place maître nain, d´autres candidats attendent notre jugement. Et n´oubliez pas, je veux vous voir à la tour une heure avant la nuit. Votre absence sera signe de démission.

Sur ce, il congédia Orik, et s´intéressa au postulant suivant, un chevalier en lourde armure noire arborant crânes et autres macabres trophées. Il n´eut cependant pas le loisir d´écouter la conversation et vaqua à ses occupations. Il était libre jusqu´au soir, ce qui lui laissait la journée, entamée d´une partie de la matinée pour s´amuser, s´occuper ou peut être même méditer.

Les gardes ne sont en général pas très causants, si ce n´est entre eux. Tout ce qui ne porte pas une armure ou une épée n´est en général bon qu´à être violenté, brutalisé, volé, maltraité ou dans certains cas violé. Cependant, malgré sa petite taille, Orik arborait une lourde armure, et sa hache retrouvée battait à son flanc, et les soudards reconnurent en lui un confrère, ou au moins quelqu´un qui partageait les mêmes valeurs qu´eux. Les discussions allèrent bon train, traitant de sujets aussi divers que la guerre qui couvait aux frontières, la rumeur selon laquelle il existait des passages dans les murs qui permettaient au duc de se rendre dans les chambres des servantes ou de mettre qui il voulait dans son lit discrètement.

Dttt d´toute fachon, personne sait « hips » où sont les portes d´entrées, alors prrrtt…

D´autres restaient confiant, en cas de siège, la forteresse tiendra, à cause de son lac souterrain, bien en deçà des fondations des murailles, et puis le double système d´enceinte assurait une protection supplémentaire.

Pour envahir ce château, il faudrait savoir voler, annonça le plus sobre d´entre eux

COMME LES TOUS PETITS « brps » C-CAILLOUX !!

De fil en aiguille, Orik se rendit compte que ce château était fort bien défendu, perché sur un éperon rocheux, sans douves mais l´altitude et la perspective de chute dissuadait les assauts directs. Une double enceinte, des tourelles fortifiées, impossible à prendre pour une armée, ca c´était un fait.

Et tu ppp-peu-ppeux faire pipipipipipipi-pipi ou tu veu « hops » veux veux , y´a d-d-d-d-des zégouts « burp » ki prennent ton ka-ca-ka hihi et kiki qui l´envoi chez les bouzzzeux heuheuheu.

Oui « hips », on leur chie sur la tête à ces p-p-péquenots

La quantité d´alcool ingurgitée commençait à se faire violemment ressentir sur l´ intellect des gardes, déjà fortement limité

Après avoir payé une dernière tournée, Orik s'en alla.

Intéressant ... des passages secrets, il faudrait que je vois ça ... ça me permettrait de me déplacer rapidement d'un endroit à autre, pensa-t-il, quand aux égouts, personne ne passerais par là ...

D'un pas décidé, Orik s'en retourna au château. Pendant ce temps, la foule s'était clairsemée et uniquement quelques paysan faisaient encore la queue. Fort de son parchemin, les gardes le laissèrent passer, et Orik s'aventura dans le château. Du granit, rien que du bon granit, tout ça. Il commença à se balader au hasard du château, laissant sa main courir sur les murs, tentant de repérer une entrée secrète, et en même temps d'emmagasiner un maximum d'informations sur le château : la disposition des salles, la position des gardes, les passages des serviteurs, les quartiers nobles, la cuisine, le dortoir des soldats, ...

Un château, c´est grand. Un château ducal, c´est très grand. Celui ci devait faire partie des plus majestueux. En pierre taillée avec soin, chaque chapiteau, chaque colonne de soutènement, le moindre arc-boutant était finement ciselé et artistiquement orné. Malgré son regard scrutateur, ses sens aiguisés et sa connaissance innée, Orik ne put rien déceler. Mythe ou réalité, ces passages, s´ils existaient, étaient fort bien cachés.

Ses vagabondages à travers les couloirs l´emmenèrent à travers différents étages, au sous sol les cuisines où il fit une pause, avala deux tartines et pour pimenter la chose, discuta avec les marmitons, les serveuses et les sauceurs de ce qu´il se disait dans le dos du seigneur.

-Il est devenu acariâtre, depuis la perte de son fils
-Il a perdu sa femme Phylis, à la douce peau d´albâtre
-Le sort s´acharne sur lui, il n´y a pas à douter
-Seule lui reste sa fille, la timide Cassiopée
-Une formidable beauté, au roi elle est promise
-Mais on dit que le duc, un soir de folie l´a déflorée
-On parle aussi de bruits étranges, comme une foule d´êtres parlant ensemble, quand la nuit tombe et qu´il est dans sa chambre.
-Il parait que le chambellan préfère les enfants

Le ventre rempli, il continua sa reconnaissance du château, passant par la salle des gardes au rez de chaussé, puis il grimpa dans les étages supérieurs, les trois derniers réservés au duc et à sa famille, les quatre autres accueillant les invités lors des cérémonies et les tournois. Pour les appartements ducaux, son laissez passer lui sauva la mise, mais il ne put en profiter longtemps, car la journée s´avancait, et il avait un rendez vous à ne pas rater. Il n´avait exploré que le corps principal du château, il lui restait encore les différents tours, bien qu´elles ne soient probablement que des postes militaires ancrés dans les murailles. Il les aimait bien ces murailles, de gros blocs de granit extrêmement lisses, dont la première fenêtre était à mi hauteur, soit à 9m du sol. Mais baste, on l´attendait sous peu, et il ne voulait pas être en retard.

9m de haut, ça fait beaucoup quand même ... mais ne négligeons rien.

Orik était perdu dans ses pensées, lorsqu'il arriva dans la cour. Il leva les yeux et vit toutes une bande de ... tocards, il n'y avait pas d'autres mots. Bandits, voleurs et autres rufians de tous poils étaient là, alignés selon le trajet d'un homme saoul traversant la rue, Ossipango devant eux, en y regardant de plus près, on pouvait voir que certain n'avaient pas si l'air imbécile, ou incapables que ça. Nous verrons ça après, se dit le le nain.

Ah ! Maitre nain, nous n'attendions plus que vous ! Mettez vous dans le rang, que nous puissions commencer.

Orik prit donc sa place et attendit que la réunion commence.

Bien, compagnons d´infortune, mercenaires et autres aventuriers de grand chemin, je ne suis pas ici pour vous encenser mais pour clarifier ce que j´attends de vous. Vous n´êtes pas sans savoir que le duc a récemment été la cible d´un attentat, heureusement manqué, qui l´a fortement marqué. Vous êtes au nombre de huit, vous ne vous connaissez pas, vous ne vous êtes jamais vu et pourtant il va vous falloir assurer la sécurité du Duc et de sa fille jusqu´à ce que ce problème d´assassinat soit résolu. Vous avez carte blanche pour appréhender les coupables, mais vous ne devrez en aucun cas interférer avec la vie privée de leurs seigneuries, vous devrez être le plus discret possible autant que faire se peut.

Pour créer les équipes, nous avons procédé par tirage au sort, les quatre premiers vont à ma droite, les quatre autres à ma gauche. Wigo, Tinuvielle, Xel´, Aleri, Gobk´Utter , Orik, Brerrawyr et enfin Ulynyth. Les premiers auront pour tâche de veiller à la sécurité du Duc, le deuxième groupe devra se charger de la jeune duchesse Cassiopée.

Je sais que votre compagnie est disparate, mais de cette facon vous couvrirez un plus large panel de compétences et serez aptes à faire face à n´importe quelle menace. Il vous faudra aussi mettre de côté vos préjugés et savoir vous adapter. Je ne tolèrerai aucune rixe interne, et les fautifs seront sévèrement punis. Y a t´il des questions avant que l´on ne vous guide à vos postes ?

Un lourd silence planait sur la cour, chacun dévisageant son voisin. Il y avait là tout ce que les sept duchés comptaient de mercenaires et de porteur d´épée. Dans l´autre groupe, Orik pouvait distinguer un jeune humain à l´attitude élégante, aux gestes coulés et à l´épée effilée, une elfe à la tenue extravagante, aux courbes provocantes, au visage masqué et portant à la hanche le même style de lame, un autre humain aux traits fatigués, au cheveux auburn, aux yeux bleus avec des traits fins portant en eux quelque chose de royal. Il était armé d´une longue épée bâtarde portant la marque d´un artisanat elfique et protégé par une légère armure de cuir. Le dernier, répondant au nom d´Aleri, n´avait d´aventurier que le nom. Gras comme un cochon, il arborait une soutane beige sous une armure de maille qu´une ceinture enlacait avec peine, souffrant du tour de taille de ce curieux personnage.

Quand au groupe du paladin, il se composait d´un demi-orque, d´un archer gracile au visage d´elfe mais à la carrure humaine, Ulynyth, et du même guerrier en lourde armure noire qu´il avait vu plus tôt dans la journée. Son casque fermé l´empêchait de voir son visage, mais il lui semblait apercevoir un léger nuage de fumée sortir de sa visière.

Votre question est justifiée nain Orik, aussi je vais vous répondre. On ne sait pas exactement comment est entré le meurtrier, mais on suppose qu´il s´est introduit par la cheminée. On ignore comment il a fait pour monter jusqu´aux toits, mais ces individus sont souvent capables d´exploits physiques impressionnants. Fort heureusement, le duc n´était pas dans ses quartiers cette nuit là, mais tenait conseil auprès de ses ministres. L´assassin s´est fait cueillir par la garde alors qu´il tentait de retrouver la trace de notre bon souverain, et a préféré se donner la mort en avalant une capsule de poison, probablement une de celles destinées au Duc. Nous n´avons trouvé aucune arme sur lui, si ce n´est une corde pour l´escalade et un poignard. Il avait un faciès humain, et il pourrait s´agir d´un demi elfe. Rien dans son équipement ni dans ses vêtement ne trahit ses origines ou son commanditaire.

Ceci est pour vous mettre en garde, continua le chambellan, n´importe qui peut être assassin, peut être se cache t´il même parmi vous en ce moment. Je ne peux vous imposer la sincérité et la vérité, mais certains d´entre vous ont le pouvoir de discerner la Mal ou la méchanceté. Servez vous de vos dons à bon escient, travaillez intelligemment et vous pourrez appréhender le prochain meurtrier.

Cette soudaine pensée jeta un froid sur l´assemblée déjà maussade. De plus, la pensée que certains d´entre eux pouvait sonder leurs âmes cachées n´était pas pour les rassurer. Orik se sentait dans ses petits souliers. Qui d´autre que lui pouvait percer les âmes ? De toute facon, il n´avait rien à cacher et donc rien à craindre de ce côté.

Vous reste t´il d´autres questions, des points oubliés ou des inquiétudes ?

Enhardis par l´intervention du nain, le demi orque Gobk´Utter s´inquiéta quand à la qualité de l´ordinaire, question qui intéressa également le gras Aleri. Brerrawyr demanda ou il pourrait trouver un chapelle pour prier, ce qui étonna fortement Ulynyth l´archer. Quand à Tinuvielle l´elfe masquée, elle était en grande conversation avec son voisin, à savoir l´humain Xel´, et dont le visage trahissait son profond désintérêt pur la conversation, ce dont l´elfe ne se rendait pas compte.

Au bout d´une dizaine de minutes, toutes les questions furent posées, les conversations interrompues par Ossipango lorsqu´il reprit la parole.

Bien, si vous êtes satisfaits, nous allons vous conduire à vos quartiers.

Un silence très relatif suivit les paroles du paladin. Les cliquetis d´armure, la respiration calme d´Ulynyth et le feutré des pas du majordome sur le sol pavé furent pendant un temps les seuls bruits audibles. Alors que le groupe s´avancait dans un couloir décoré de tapisseries, le demi-orque prit la parole.

Môa, jé jamé été dan zun châto kom sa
C´est parce que ton peuple ne s´éloigne jamais de ses tourbières primitives , répondit aussitôt l´archer
Ha, sa sé vrai. Tu konné les orcs ? demanda Gobk´Utter
Ma foi ils ont dû me servir de cible plus de fois que tu ne saurais compter, et à vu de nez, tes marais ne t´ont pas quitté.
Koâ ? Tu trèt mon peuple ? grogna le barbare en sortant sa hache et visiblement destiné à s´en servir sous peu
Ce n´est pas difficile, il suffit de parler de lui pour proférer des vulgarités , rétorqua l´elfe tout en faisant un pas de côté pour se mettre hors de portée de la lame effilée

Le serviteur comprit à ce moment que les choses allaient s´envenimant, aussi prit il les devant.
Messires s´il vous plaît, vous avez une mission à ….
TA GUEULE/ SILENCE lui répondirent les deux mercenaires, mais avant qu´ils ne puissent en venir au fer, le guerrier en armure noire parla d´une voix grave et profonde, résonnant à travers son armure.

Arrêtez immédiatement vos querelles ethniques dont vous ne vous rappelez même plus les origines. Ce n´est pas de cette facon que nous serons victorieux, et je vous suggère de suivre l´exemple d´Orik, d´apprendre à mieux nous connaître pour mieux triompher. Joignant la parole à l´idée, il enchaîna. Je suis Brerrawyr, un chevalier d´au delà des chaînes montagneuses du Nord. J´ai autrefois dirigé une bande de mercenaire, les Franzgerberg, peut être les connaissez vous ?

L´intervention de Brerrawyr avait semble t´il calmé l´elfe et l´orque, mais aucun d´eux ne semblait prêt à parler à qui que ce soit, si ce n´est l´elfe qui commenta la présentation du chevalier.
He bien, me voilà bien entouré. Un orque crasseux, un nain mielleux et un boucher sanguinaire, une fine équipe vraiment. Reprenant leur marche à travers le château, ils furent conduits aux étages seigneuriaux, et s´arrêtèrent devant une porte renforcée de ferrures.

Voilà vos quartiers, vous y trouverez de quoi vous laver, vous soigner et vous reposer. Vous êtes voisins de la suite de la princesse, et une porte dérobée vous permet d´entrer sans passer par le couloir. A partir de maintenant, votre vie dépend de celle de la princesse.

Orik suivit ses compagnons dans la chambre. L'elfe et l'orque commencèrent à se chamailler pour savoir qui prendrait tel ou tel lit. Orik intervient :

Suffit ! sa voix claqua comme un coup de fouet, et tous se retournèrent. Il désigna les deux lits les plus éloignés l'un de l'autre et continua :

Vous prendrez chacun un de ces deux lits.

Il se retourna vers Brerrawyr, alors que les belligérants s'éloignaient, bougons, se jetant des regards meurtriers :

Voulez-vous prendre ce lit ? en désignant le lit près de l'elfe, je prendrait celui près de l'orc.

Brerrawyr fit un petit signe de la tête montrant qu'il comprenait, et alla s'installer. Orik s'approcha du sien. Les lits avaient l'air frais, les draps changés, en contons, avaient l'air plutôt confortables, tout comme le matelas fait de plume et de paille. Orik déposa ses affaires dans le coffre présent au pied de son lit. Une fois que tout le monde fut installé, il se plaça au centre de la pièce.

Maintenant, je propose que nous fassions des équipes, l'une surveillera la princesse, pendant que l'autre se reposeras. Brerawyr, vous vous mettrez avec l'elfe, et moi avec Gobk' Utter. Nous devrions aussi nous présenter à la princesse ainsi qu'inspecter sa chambre. Qu'en dites vous Brerrawyr ? Avez-vous quelques expérience dans la garde de princesse ?

Dites moi, je conçois que vous soyez pressé d´arriver à capturer le meurtrier présumé, mais je ne vous permettrai pas de me parler de la sorte. Je ne suis pas votre chien, ou ce que vous considérez comme tel, et votre langage pourrait être un peu moins abrupt protesta Ulynyth. Un surplus de politesse ne saurait nuire à une bonne entente n´est ce pas ?

La polie Tess, cé un kaillou de la plaj´ ?

Prenant la parole pour désamorcer une altercation proche, Brerrawyr répondit au nain.

-Non, je n´ai jamais escorté une princesse, ni qui que ce soit d´ailleurs. Comm….

-Pas étonnant. Je voyais mal un des guerriers les plus sanglants du monde connu servir de nourrice à un noble quelconque.

-Cette histoire est terminée, j´ ai fait une rencontre depuis et…

-Peu importe, le sang est salissant et se nettoie très difficilement.

-Môa jé déjhà protégé une prinssesseu.

A cette annonce, tous les regards convergèrent vers le barbare.

-Bin koa ? Sé pas difficile, y fô kassé les krâns de tou ceu ki l´embête.

-Probablement une pauvre créature, fille d´un quelconque chef local n´ayant de féminité que le nom. Ces orques sont vraiment répugnants.

-Naon, s´été la fille d´un chevâlié, l´éritière d´Orcanie.

Pour une fois, l´elfe se tut, médusé par la révélation. Le chevalier poussa un petit sifflement admiratif. Quand à Orik, il ne pouvait s´empêcher de partager le sentiment de ses compagnons. L´île d´Orcanie était un des royaumes les plus prospères dans la Mer Pourpre, ses mines d´argent et ses bois rares en faisait une destination commerciale très recherchée, et l´on disait que dans ses ports se trouvaient tout ce qu´un homme pouvait désirer.

Chui dákor avec le nin, fô se présenté, sé plus genty. Ki ki va en prems ?

Ils jouèrent ca rapidement avec des dés fournis par Brerrawyr, et ce furent Orik et son compagnon qui durent s´atteler à la tâche. Voyant cela, le nain paladin demanda à Gobk´Utter de lui accorder quelques minutes, le temps de se rendre un peu plus présentable. Il enleva son tabard poussiéreux, lissa rapidement sa barbe, fouilla les placards en quête de vêtements, mais rien lui seyait. Il se présenta donc l´armure nue à la porte de la princesse, aux côtés de l´orque qui pour l´occasion s´était débarrassé d´une de ses haches.

Orik toqua trois coups, et il n´attendit que quelques secondes avant d´entendre jouer les loquets et le cliquetis de la serrure. La porte s´entrebâilla sans un bruit pour laisser la place à une jeune femme d´une vingtaine d´année, aux cheveux châtains coiffés en tresses, aux yeux marrons avec un regard vif et intelligent, aux joues en fossette abimées par les restes d´une maladie juvénile. Une ombre de peur traversa son visage lorsqu´elle vit les armes briller et les traits sombres du paladin, mais elle reprit vite contenance et demanda avec calme : Qui êtes vous ?

Le nain fit une petite révérence et se présenta :

Bonjour princesse, nous sommes vos nouveaux gardes du corps. Je me nomme Orik et voici mon compagnon Gobk'Utter. Nous avons pour autre compagnons Ulynyth, une elfe ainsi que Brerrawyr, un homme tout carapacé d'une armure. Nous assurons votre sécurité tant que celui qui veut nuire à votre père ne sera pas arrêté. Si vous le permettez, nous voudrions effectuer une visite de votre chambre, et ainsi identifier les sources potentielles de danger, et pouvoir mieux réagir en cas de danger. Serait-il possible d'entrer ?

Durant tout son petit discour, Orik avait gardé une posture altière, les mains croisées dans le dos, le torse bombé, à coté, Gobk'Utter bien que le dominant de plusieurs têtes, était avachi sur lui même, la bouche ouverte, la bave s'écoulant lentement de celle-ci, montrant les restes d'un repas pas frais.

Il pouvait voir les rouages du cerveau de la princesse tourner sous sa tignasse brune. Elle était belle, enfin pour une humaine, pas de quoi affoler un nain ceci dit, mais elle avait un petit quelque chose de précieux qui vous donnait envie de la protéger, cette silhouette gracile, contrebalancée par ce regard vif, intelligent et ce visage déjà éprouvé par la vie.

Celle-là, se dit-il, ça doit être une tigresse ...

La princesse le dévisagea pendant toute sa tirade, et ne put réprimer un petit sourire lorsqu´il eut terminé. Celui-ci allait s´élargissant lorsque Gobk´Utter annonça à son tour :

V´zêt jôli, on dirè que v´zêt une gueryèreu.

Si c´était un compliment, il n´eut pas l´effet escompté, car elle ne rougit pas ni ne minauda. Par contre, elle leur répondit d´une voix feutrée et mielleuse :

Veuillez attendre ici, je vais voir si ma Dame est en état de vous recevoir. Je ne serai pas longue.

Elle referma doucement la porte sans les inviter à entrer, et ils se retrouvèrent donc seuls dans le couloir, sans autre choix que l´attente.

Une demi-minute à peine écoulée, le barbare, visiblement un bavard, interrogea son compagnon paladin.

El é joli hein ? Dan ma tribu, sa port chan´s d´avoar dé cikatris, preuv qu´on é for é kooraje. E lé jêun ki son malad é ki meur pa y son enko´r plus for, y son bény dé dieux. El dôa avoir un super destin.

Orik, tout en écoutant distraitement son compagnon, observait le couloir. Outre les deux portes, celle de leur chambre et celle de la princesse, il était éclairé par trois fenêtres ornées de vitraux représentant des scènes sacrées, pour le moment assombries par la nuit, et quelques torches crachant une fumée parfumée, cachant leur âcreté. Il se poursuivait sur une vingtaine de mètres et débouchait sur un escalier en colimaçon menant aux étages supérieurs. Ses pensées furent interrompues par la jeune fille qui rouvrit la porte, en grand cette fois, laissant apercevoir un petit vestibule et filtrer une douce mélodie.

Ma Maîtresse accepte de vous rencontrer.

Ils la suivirent donc à travers la petite pièce, puis elle poussa une seconde porte qui déboucha sur une vaste salle aux murs couverts de tapisseries champêtres et guerrières, dont les tons pourpres et mordorés étaient éclairés par un gigantesque brasier, confiné dans un âtre de bronze forgé. Le sol se perdait en tapis et autre broderies, et Orik remarqua à ce moment que la damoiselle allait nu pieds. C´était aussi le cas de sa maîtresse, la princesse Cassiopée, qui chantait un air triste et mélancolique en s´accompagnant à la harpe, au centre de la salle. Ses noirs cheveux démêlés tombaient en cascade sur ses épaules dénudées, qu´une modeste robe du soir n´arrivait pas à couvrir. La mélopée toucha profondément Orik, qui pensa au crépuscule du monde et á la fin des siens. Un sentiment semblable étreignait Gobk´Utter qui mit un genou au sol et se prosterna bien bas, peut être pour cacher ses larmes.

La mélodie prit fin, et pendant un court instant le silence fut le compagnon du crépitement du feu. La princesse se leva et se dirigea vers le paladin et son confrère.

Allons, relevez vous, je ne suis pas mon Père et ne réclame aucune marque de cérémonie de ceux qui vont protéger ma vie. Ma douce Syra m´a annoncé vos noms, mais peut être préférez vous vous présenter vous-même.

Elle parlait d´une voix très douce avec une pointe de tristesse ou de résignation, nul ne saurait dire. Son visage avenant au teint de lait pouvait cependant déranger, car il en émanait une profonde beauté, rehaussée par des yeux d´un bleu profond. Elle se dirigea vers un fauteuil près du foyer, et invita Orik et son compagnon à la rejoindre à côté du feu. Syra leur apporta une coupe d´un breuvage noir et fumant, et sans attendre qu´ils décident ou non à s´installer, la princesse continua.

Vous pourrez également en profiter pour me dire comment vous comptez me protéger mieux que les gardes du palais.

Orik se releva lentement et s'installa a côté du feu avec elle. L'orc, quand à lui, s'assit la où il était et resta et écouta avec la plus grande attention.

Eh bien mademoiselle, commença le nain, je m'appelle Orik, Gobk'Utter ici présent, l'elfe Ulynyth et l'humain Brerrawyr se reposant dans la salle adjacente à la vôtre sommes vos nouveaux gardes du corps, et notre mission est de vous protéger et de vous aider ... il s’arrêta, cherchant ses mots, tentant de décrypter son visage si triste, je ressent une grande peine, grande tristesse en vous princesse, qu'elle est-elle ?

Nous devons apprendre à nous connaitre, et le plus nous saurons sur elle, le mieux nous pourront la protéger, pensa-t-il.

Le feu craquait doucement, réchauffant les peaux étalées devant l’âtre, sur lesquelles se trouvaient la princesse et Orik. Mais cette chaleureuse lumière n'arrivait pas à enlever cette impression sinistre de tristesse et de désespoir pesant dans l'atmosphère. Cette impression était renforcée par la tenue de la princesse, si décalée par rapport à la richesse de la pièce, ces murs resplendissants de couleurs, et elle, si sombre et si pale, sa peau blanchâtre tranchait nettement avec le bleu profond de sa robe. La suivante, quand à elle, se fondait dans le décor. Sa longue chevelure brune et sa peau légèrement brunie par le soleil, cadraient mieux avec le reste de la chambre.